08.06.2017

«Pour travailler sur un bâtiment historique, on a besoin d’une solide connaissance du domaine»

Après avoir passé son examen de maîtrise de peintre, Sascha Dietiker a décidé de suivre la formation d’artisan en conservation du patrimoine bâti dans la filière peinture. Il s’intéresse particulièrement aux façades historiques et son travail sur la grange des dîmes (Zehntenscheune) de Hettlingen reste gravé dans sa mémoire.

Sascha Dietiker, artisan en conservation du patrimoine bâti avec brevet fédéral dans domaine de la peinture © Raphael Hünerfauth

A quels chantiers avez-vous collaboré depuis le début de votre formation?

J’ai surtout travaillé à des restaurations de façades, par exemple à celles de la chapelle de Saint-Antoine à Waltalingen, du pavillon du château de Teufen ou de la maison de la grange des dîmes de Hettlingen. Certaines parties de ma maison sont aussi protégées; grâce à ma formation, j’ai pu les rénover dans les règles de l’art.

Lequel de ces trois chantiers avez-vous trouvé le plus intéressant?

C’était probablement celui de la maison de la grange des dîmes. Le Service des monuments historiques demandait que l’on repeigne les volets à guillotine de la façade historique de façon à ce qu’ils restent mats et en reprenant les décorations d’origine. Pour atteindre ce résultat, nous avons fait nous-mêmes les mélanges de peinture à l’huile. C’était une des premières restaurations auxquelles j’ai travaillé au début de ma formation, il y a huit ans. Je trouve passionnant de constater que les peintures que nous avions mélangées nous-mêmes n’ont aujourd’hui presque pas perdu de leur éclat, tandis que celles que nous avions achetées toutes faites se sont ternies et ont pâli.

Quelle était concrètement votre fonction dans ce chantier?

En fait, j’étais responsable de l’ensemble des travaux, de a à z. Cela allait de la planification à la réalisation, en passant par l’examen préliminaire, l’acquisition des informations nécessaires et le choix du matériel et des couleurs. J’étais aussi chargé de rédiger le rapport final de restauration, qui décrivait comment nous avions procédé et ce que nous avions fait.

Dans quelle mesure ce perfectionnement a-t-il modifié votre activité professionnelle?

Au fond, mon travail n’a pas changé: je suis indépendant depuis seize ans et j’ai donc toujours mené moi-même mes chantiers de a à z. En revanche, ma nouvelle formation a changé ma façon de penser et d’aborder les choses, car j’ai été sensibilisé à la dimension historique des objets sur lesquels je travaille.

Cette formation a-t-elle influencé votre manière de collaborer avec les propriétaires, les représentants du Service des monuments historiques et les autres artisans?
Oui, certainement. Les nouvelles connaissances acquises dans le domaine font de moi quelqu’un de plus compétent et je suis donc mieux écouté par les propriétaires, les conservateurs du patrimoine, etc. Je le remarque aussi avec ceux de mes clients dont les bâtiments ne sont pas classés.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cette formation?

Juste avant de la commencer, j’avais passé mon examen de maîtrise de peintre et mon travail de diplôme avait porté sur la restauration d’un bâtiment historique: il s’intitulait « Quels liants minéraux choisir aujourd’hui pour restaurer une façade historique de 1725?» La formation d’artisan en conservation du patrimoine bâti m’a attiré, parce qu’elle allait me permettre d’enrichir mes connaissances dans le domaine des constructions historiques. Je n’avais pas envie de travailler seulement avec des produits standard, car, pour faire cela, on n’a aujourd’hui plus besoin d’être hautement qualifié.

Est-ce que vous recommanderiez cette formation?

Pour faire cette formation, il faut s’intéresser aux questions de physique du bâtiment et ne pas vouloir travailler simplement «comme tout le monde». Bien sûr, quand on travaille sur un bâtiment neuf, on couvre dans le même temps davantage de mètres carrés; mais lorsqu’on rénove une construction ancienne, il est plus important de disposer d’une connaissance approfondie du domaine et de respecter le patrimoine historique que de battre des records de productivité. Je recommande donc la formation aux collègues qui se soucient de ces aspects.

Vous trouverez les coordonnées de Sascha Dietiker dans notre répertoire de titulaires de brevet fédéral.