Selon un communiqué du Centre national d’information pour la conservation des biens culturels les Journées européennes du patrimoine ont à nouveau rencontré un incontestable succès en attirant quelque 50’000 visiteurs en Suisse. 

Cette affluence est d’autant plus remarquable que, de par le thème retenu cette année, les sites à visiter étaient souvent de petites dimensions et ne permettaient guère d’accueillir le public en masse.

Le thème de cette édition, «Un monde sous nos pieds», invitait à explorer les profondeurs du sol sur lequel nous avons l’habitude de nous déplacer. Il s’agissait de découvrir ce qui, dissimulé sous des surfaces familières ou caché dans les coulisses, nous accompagne au jour le jour, et souvent sans même que nous nous en doutions. Les «mondes souterrains» habituellement inaccessibles qui se sont ouverts au public suisse pour ces Journées du patrimoine étaient extrêmement variés et ils n’ont pas manqué d’attirer les visiteurs, parvenant à les faire descendre dans la fraîcheur des caves par les douces températures de l’arrière-été. Bien loin d’amener seulement les passionnés de la chose militaire à explorer les entrailles des fortifications et bunkers, les multiples lieux ouverts pour l’occasion ont aussi attiré de nombreux curieux, jeunes et moins jeunes, qui passaient par là et se sont laissé convaincre de jeter un coup d’œil au-dessous de leur environnement quotidien, où ils sont allés au-devant de découvertes inattendues.

Certains ont pu constater que pour accéder à des mondes souterrains, il faut parfois aussi s’approcher des sommets. Ce fut le cas, par exemple, dans le Val Calneggia (TI), où un bon nombre de marcheurs se sont mis en route vers les cimes pour découvrir les Splüi, ces abris que les bergers d’alpage construisaient sous d’énormes blocs de roche pour les utiliser comme caves à fromage. D’autres randonnées, organisées en Valais et dans le canton de Vaud, ont vu elles aussi affluer des cohortes de marcheurs. Les personnes qui ont visité le tunnel du Sonnenberg, à Lucerne, ont pu se rendre compte que même des tunnels peuvent être dotés de leur propre «sous-sol»: cet ouvrage est en effet flanqué d’un abri de protection civile qui fut un temps le plus grand au monde. Derrière les façades fastueuses des maisons de maîtres, les intérieurs relèvent généralement du domaine privé, restant cachés aux passants. Lors des Journées du patrimoine, il n’en a pas été ainsi: cette année encore, de nombreux propriétaires ont ouvert leurs portes au public, qui a répondu à leur invitation avec un grand intérêt, notamment à Berne et à Bâle. Diversité et identité ont ainsi été au menu de ces journées: diversité des visites proposées et identité d’un phénomène qui en dit long sur l’intérêt de la population pour les questions de conservation des biens culturels, les files d’attente. Le phénomène a été particulièrement manifeste à Saint-Gall, où les visites organisées dans les sous-sols du domaine conventuel et de l’abbatiale ont attiré une énorme affluence. Du reste, on a pu constater que les visites de sous-sols d’édifices sacrés ont trouvé un écho particulièrement important dans toute la Suisse.

Cet afflux des visiteurs représente pour les organisateurs des journées – et notamment pour les services d’archéologie et des monuments historiques des cantons et des villes suisses, qui ont mis sur pied les manifestations locales – un encouragement important et une raison supplémentaire de s’engager avec ardeur en faveur de la conservation de notre riche patrimoine culturel. Il permet aussi d’espérer qu’en cette année électorale le monde politique sera lui aussi sensible à l’accueil que la population a réservé à l’événement. Les monuments historiques sont en effet mis sous pression de multiples manières. Or, le succès des Journées du patrimoine montre bien la place importante qu’ils tiennent dans la conscience et dans les intérêts de la population suisse. Leur conservation ne constitue donc en aucune façon un luxe dont on pourrait se passer.

La 19^e édition suisse des Journées européennes du patrimoine auront lieu les 8 et 9 septembre 2012 et seront consacrées au thème suivant: «Pierre et béton».